Oui il y a eu des couacs, des imprécisions dans quelques discours, des démonstrations inachevées, mais tout ceci n’est que détail. Certes, il y a toujours matière à faire mieux, à avancer un peu plus vite, à mieux expliquer les raisons de telle ou telle décision mais voyons cela comme des opportunités pour faire mieux et pas des excuses pour taper facilement et appeler à on ne sait quel autre projet.
Le temps de crise est particulier. Il est un temps de vérité, un temps ou les décisions doivent échapper à l’humeur ou aux peurs du moment, ou le courage impose de ne pas sombrer dans les discours anxiogènes à base de « cette fois ci, c’est sur ça va péter ! » dont la répétition ne les rends pas plus pertinents.
La crise ne sera pas battue par une succession de plans et des changements de direction mais par le maintien d’un seul cap, et c’est d’autant plus vrai aujourd’hui, car ce que nous vivons s’apparente plus à une transition qu’à une simple crise que l’on pourrait régler par quelques dépenses publiques de plus.
Les choix du Président, mis en œuvre par le gouvernement, sont les bons.
Ils partent, me semble t’il, d’une double analyse : 1) il nous faut retrouver de la stabilité financière en Europe et 2) la crise que nous vivons est une crise de l’offre dont la question du pouvoir d’achat n’est que le corollaire.
Retrouver de la sérénité dans la zone euro n’est pas facile. Entre l’Italie, Chypre et la Grèce, il reste encore du temps avant de retrouver un semblant de confiance. Pourtant, que de chemin parcouru en un an. Nous ne vivons plus dans le psychodrame des sommets hebdomadaires de la dernière chance. C’est un acquis solide que l’on peut attribuer à la présidence de François Hollande. Il a su rassembler large et convaincre l’Allemagne d’avancer vers un peu plus de solidarité. Des questions importantes sur l’orientation de l’Union reste posées, mais pourrons nous y répondre avant les élections allemandes ?
Nous sommes dans une crise de l’offre. Personne ne conteste que notre pays souffre d’un affaiblissement considérable de son tissu productif et que cet affaiblissement provient d’une défaillance de ses capacités d’innovation et de production.
La question est essentielle, car une économie qui ne se renouvelle pas et qui ne produit pas suffisamment de valeur ajoutée ne peut, ni payer des salaires corrects, ni financer la solidarité. Notre déficit commercial, notre déficit de la balance des paiements, le taux d’autofinancement extrêmement faible de nos PME, le maintien à un niveau bas de l’utilisation des capacités de production sont les points majeurs contre lesquelles il faut lutter. Or, nous ne lutterons pas contre eux par une simple augmentation des dépenses publiques et une tentative de hausse des salaires (par ailleurs vouée à l’échec car n’oublions pas qu’à part le coup de pouce au SMIC, l’Etat n’a aucun pouvoir sur la fixation des salaires dans les entreprises)
Le choix de s’attaquer à notre compétitivité a été fait sans détours à la rentrée dernière par le Président. C’est un choix juste et courageux.
Les outils mis en place sont de bons outils : le CICE qui a le mérite de la simplicité et qui va donner un peu d’air dés 2013 à la trésorerie exsangue de beaucoup de nos PME, la Banque Publique d’Investissement qui devra simplifier la vie des dirigeants et soutenir plus massivement les PME qui dessineront l’avenir de nos territoires, l’ANI qui va éviter bon nombre de pertes d’emplois et permet d’avancer vers une démocratie sociale plus anticipatrice et basée sur le dialogue, la restauration des comptes publics pour redonner des marges de manœuvres et de l’indépendance, la loi bancaire qui porte un coup contre la spéculation, l’ensemble de l’action menée pour développer l’innovation, et par exemple la réorientation des pôles de compétitivité, le plan d’action pour l’internationalisation de nos entreprises…
Les actes sont posés, laissons le temps pour que les effets se fassent sentir.
Réinventer un modèle économique ne se fait pas en six mois !
Micaël