Les annonces du gouverneur de la BCE sont positives. Elles ont au moins le mérite de faire baisser l'euro. L'annonce d'un taux négatif pour les dépôts des banques est celle qui fait le plus de buzz sans pour autant être celle qui sera la plus efficace. Les autres baisses des taux mais surtout les prêts massifs aux banques ciblés sur les PME qui pourront redonner aux banques une capacité de financement de l'économie peuvent être efficaces. Mais elles ne le seront pas mécaniquement. Il est très utile d'augmenter la facilité de crédit, encore faut il qu'il y ai une demande de crédit. Il est utile d'avoir des fonds, encore faut il des projets pour les investir.
Après cette avancée significative de la BCE, la balle est maintenant dans le camp de la Commission et des Etats membres. A eux de réussir à reconstruire la confiance et à redynamiser notre demande globale, chère à JM Keynes. Nous avons besoin d'entreprises qui investissent et de consommateurs qui consomment.
Pour la confiance, il faut de la constance et des perspectives positives. L'Europe ne manque pas d'atouts. La preuve, quelques uns de ses fleurons sont convoités par des entreprises américaines ou chinoises. Nos scientifiques sont réputés. Nos salariés sont productifs. Mais il nous faut retrouver de l'enthousiasme. Nous sommes très loin d'avoir épuisés nos potentiels dans le numérique, les biotechnologies, la mobilité de demain, la santé, la transition énergétique... Et nous sommes très loin d'avoir épuisés les potentiels des marchés internationaux... Et nous sommes aussi très loin d'avoir épuisés toutes les possibilités de développement des TPE dans de très nombreux territoires, en particulier ceux qui ne sont pas irrigués par des métropoles européennes. Le retour à la profitabilité est la priorité de la plupart des politiques menées en Europe. Ces politiques de l'offre sont nécessaires, en particulier en France, tant la situation de beaucoup de nos PME est très difficile. Il faut désormais réussir à ce que ce retour à la profitabilité puisse se transformer en investissement et pas simplement en désendettement.
Pour la consommation, il est difficile d'imaginer les entreprises accorder des hausses de salaire. L'arme fiscal peut jouer son rôle. Mais attention à ne pas simplement viser des améliorations conjoncturelles, des coups de pouces. Profitons de ce moment pour remettre sur la table une grande réforme fiscale, à la fois dans des pays qui en ont besoin comme la France, mais aussi au niveau européen. Les réflexions de Thomas Piketty n'ont pas simplement vocation à enflammer les USA, elles peuvent aussi nous inspirer.
Micael