A mort amazon.com et son algorithme qui, malgré les esprits brillants qui l'ont conçu, ne remplacera jamais la poésie d'une flânerie au gré des rayons d'une librairie. Un algorithme qui me conseille des livres en fonction de mes goûts, mais si mes goûts sont de chiottes, comment pourrais je m'en sortir ?
Certes, comme tout bon site web, amazon.com est doté d'un moteur de recherche au top niveau de l'analyse sémantique... Mais taper « inconnu » ou « prise de risque » risque plutôt de vous entraîner vers des propositions de livres sur des maladies sexuellement transmissibles honteuses ou des polars à base d'inconnu caché au grenier et armé d'une hache... Rien qui puisse vous faire penser « out of the box »... Et puis de toute façon, un outil codé de un et de zéro est assez mal placé pour traiter de la littérature qui, par nature, n'est jamais blanche ou noire...
Mais que Vive amazon.com ! Car, comment ne pas se réjouir de voir bouleverser les règles établies de l'économie du livre et briser des rentes de situation tel un éléphant la porcelaine dans un magasin resté trop longtemps poussiéreux ?
Dès 1990, Françoise Verny s'était interrogée sur l'effet du compact-disc sur le livre. Nous étions donc prévenu que, peut être, le progrès technologique allait arriver en France malgré l'exception culturelle brandie comme un bouclier face à l'hydre anglosaxonne...
Et que penser du régulateur qui a cru porter un coup fatal au site démoniaque en interdisant la gratuité des frais de ports. Ils ont oublié que Satan ose tout, y compris la facturation des frais pour un centime. Heureusement, le ridicule ne tue pas, sinon le numérique aurait provoqué une belle hécatombe...
A mort amazon.com, qui s'inscrit dans l'accélération inexorable du temps qui nous fait parfois oublier que penser, ça prends du temps et que ça commence souvent par la lecture, qui, elle aussi, prends du temps.
Mais que vive amazon.com car il me permet d'acheter « l'art presque perdu de ne rien faire » de Dany Laferriere où que je puisse être sur la planète !
Et tant qu'à faire, il ne m'empêche pas d'aller l'acheter aussi dans ma librairie indépendante favorite.
Micaël Fischer
Le 7 octobre 2014.