1984, c'est l'inversion géniale des deux derniers chiffres de 1948 pour donner un roman intemporel.
Georges Orwell décrit un monde en guerre. Un territoire à la vie millimétrée, dirigée, enfermée dans un quotidien pré-écrit par Big Brother. Un monde dans lequel l'information doit être cachée et l'histoire effacée. Un monde aux valeurs inversées, renversées, retournées et finalement essorées.
Un monde sans rencontres, sans échanges. Chacun reste dans son couloir et suit un chemin toujours le même.
Un monde sans création, sans imagination, sans entrepreneurs, sans passion où la simple acquisition d'un cahier blanc est une grave transgression.
Un monde où règne le novlangue, langage simplifié, sans nuance, creux qui affadit la discussion pour réduire la réflexion.
Un monde organisée autour du télécran.
Un monde sans couleur...
Si dans la mathématique orwellienne, 1948 donne 1984 alors 2014 donne 2041...
John Maynard Keynes Junior reprends les travaux de son illustre ancêtre. Il découvre avec étonnement sa proximité avec les rolling stones (cf. post précédent) qui viennent d'achever une énième tournée mondiale. Nulle science fiction à cela, ils n'auront qu'une centaine d'année et seront toujours en vie, tout comme Johnny Halliday et Michel Drucker.
Voués aux gémonies après une énième erreur de prévision sur les taux de croissance et la fluctuation de la masse monétaire liée aux taux trois mois de l'option sur les dettes brésiliano-russes indexées sur le cour de l'algue marine finistérienne, le gouvernement européen a chargé notre économiste Keynes jr de revoir toutes les bases de la science économique.
L'enjeux est stratégique. L'Europe ne peut plus rester coincée entre le continent américain devenu le plus grand objet connecté de la planète grâce à un accord démocratique entre le Sénat et les boards fusionnés de google et twitter et de l'autre coté la nouvelle puissance du mal URCC, Union de la Russie et de la Chine Communiste. L'Europe doit reprendre le flambeau des idées et concevoir les modèles économiques futurs.
JM Keynes Jr se met au travail. Il épluche toute la littérature économique, osant même relire le dernier livre de Thomas Pikety publié en 2014 dans sa réédition 2041 sous le slogan : le livre que tout le monde a acheté mais que personne n'a lu.
C'est alors qu'en se perdant dans l'aile ouest de sa bibliothèque universitaire, notre économiste découvre un rayon inexploré : le rayon Bretagne. Il parcours du regard les tranches des livres alignés et, surprise, découvre un petit ouvrage sur l'économie au titre indigène : la glaz-économie.
En quelques heures, le livre est lu et la synthèse faite. Les chiffres seront remplacés par des couleurs. Les modèles économiques ne seront plus jugés par des ratios incompréhensibles mais par des teintes obtenues par des mélanges subtiles de bleu, de vert et de gris. L'esprit de notre économiste bouillonne. Les nouvelles possibilités économiques sont considérables. Ce sera la nouvelle idéologie.
Finies les business school et bienvenue aux glaz-business-school. Finies les équations à dérivation et différentielles et bienvenue à la science glazéidoscopique. Excel 2040 sera ringardisé par Instaglazgram qui proposera une version glaz capable de coloriser en temps réel n'importe quel business plan.
Chaque niveau de collectivité se spécialisera sur une couleur. Le bleu pour la région, le gris pour les métropoles, le vert pour la ville... (oui le département n'existera plus mais seulement depuis 2037). Ce sera la glaz-décentralisation.
Le Ministère de la culture fusionnera avec le Ministère de l'économie. Le Ministère du budget sera filialisé et revendu à un fonds souverain russo-chinois (il serait complexe d'expliquer toute la manoeuvre stratégique derrière cette revente mais nos amis russo-chinois comprendront trop tard qu'il s'agissait de leur faire perdre 20 ans dans leurs réformes)
Est ce que le novlangue sera effacée par cet afflux de couleur? Est ce que le télécran sera ringardisé par les google-glaz? Est ce que l'ère glazière perdurera au-delà des présidentielles de 2042? Est ce que le monde de la finance présentera un candidat lors de ces présidentielles?
Micaël Fischer, le 31 décembre 2014